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Découverte trail : Les portes du paradis

Par gmartine , le 5 septembre 2017 - 7 minutes de lecture

Imaginez : 400 km de sentiers au milieu d’une montagne préservée, 23 remontées mécaniques pour relier 48 parcours balisés aux difficultés variées… Jogging vous a déniché l’éden du traileur, testé et approuvé. Suivez le guide, nous vous ouvrons les Portes du Soleil !

La montagne, ça vous gagne. » Ce slogan vous rappelle-t-il quelque chose ? Entre 1990 et 2007, il a soutenu les campagnes de promotion des professionnels de la montagne pour relancer la fréquentation hivernale. Aujourd’hui, on pourrait l’appliquer au trail en montagne, car une fois qu’on y a goûté – que l’on vienne de la « route » ou que l’on débute la course à pied –, on lâche rarement la course nature. Le « plat » semble soudain monotone et la ville irrespirable au regard des cols et des sommets… Seul hic : on ne s’improvise pas d’un jour à l’autre « maillot à pois » en baskets ! Si nombre de villages montagnards ont développé, ces dernières années, des parcours et des stations de trail pour faciliter l’entraînement, depuis le mois de juin, c’est un nouveau et grandiose terrain de jeux que néophytes et trailers aguerris peuvent expérimenter aux Portes du Soleil, dans les Alpes.
À la carte
Ce domaine skiable, qui regroupe douze stations et villages à cheval sur la frontière franco-suisse, propose désormais 48 parcours de trail balisés, soit 400 km de sentiers, au cœur des alpages et des crêtes du Chablais. Avec un grand atout : l’accès aux remontées mécaniques durant tout l’été, à la montée comme à la descente. « Cela permet de s’essayer au dénivelé, sans s’époumoner, même si on est débutant », souligne Bruno Cherblanc, directeur de l’association Portes du Soleil, qui compte huit villages français (Abondance, Avoriaz, Châtel, la Chapelle-d’Abondance, les Gets, Montriond, Morzine-Avoriaz et Saint-Jean-d’Aulps) et quatre suisses (Champéry, Morgins, Torgon et Val-d’Illiez Les Crosets-Champoussin). Toutes ces stations sont reliées entre elles grâce par 23 remontées mécaniques. « Depuis trois ans, nous observions un boom des coureurs dans nos stations. Au printemps et en été, bien sûr, mais l’hiver aussi, on voyait de plus en plus de gens qui chaussaient les baskets. Morzine a commencé à développer une offre permanente de trail, avec sentiers dédiés depuis 2015. Nous avons décidé de lancer un projet trail fédérateur du territoire », explique Bruno Cherblanc. Ce projet avait l’avantage de ne pas nécessiter de gros inves­tissements, car « 21 remontées mécaniques étaient déjà ouvertes chaque été pour les vététistes – les Portes du Soleil constituent, en effet, le plus grand domaine de VTT d’Europe – et les randonneurs. »
Toutes les remontées mécaniques ouvertes l’été sont accessibles, à la montée comme à la descente, avec la carte Multipass qui, pour 2 € par jour et par personne, permet également de profiter des piscines, lacs aménagés, musées, patinoires, minigolfs et autres courts de tennis… Les 48 parcours se répartissent entre les trois vallées : l’Aulps, l’Abondance, et la vallée d’Illiez, en Suisse. Le niveau de difficulté est identifié par la couleur : du vert (facile, avec 8 km et moins de 400 m de D+) au noir (expert ou skyrun, de 18 à 20 km et 1 000 à 1 500 m de D+). Un large ­panel auquel s’ajoute encore un parcours de kilomètre vertical, de Montriond à la pointe de Nantaux. Un « KV » exigeant, très pentu, et à gravir avec ­bâtons ! Des cartes des parcours, pliables au format poche, sont mises gratuitement à disposition dans les ­offices du tourisme des villages concernés. Elles ­indiquent, pour chaque tracé, le profil altimétrique, le dénivelé, la longueur mais également les points d’eau, les remontées mécaniques, les parkings…

Le trail version 2.0
Avec l’aide de Cécile Lefebvre, traileuse émérite basée en Isère, fondatrice de la plateforme web Trace de Trail et du team du même nom, les Portes du Soleil ont développé une application mobile gratuite qui permet au coureur d’observer sa progression en direct sur le parcours choisi avec un suivi GPS, de disposer de la météo en live grâce à des webcams et donc de s’aventurer dans la montagne en sécurité. Sur le terrain, le balisage dédié est bien identifiable : noir sur fond blanc, et identique de chaque côté de la frontière. Nos premières foulées se sont faites sur la boucle « Les crêtes du Mont-Chéry », couleur rouge, soit 17,2 km et 725 m de D+ avec départ du village des Gets. Par facilité, nous sommes montés par le télésiège jusqu’au Mont-Chéry, avant d’entamer la douce descente sur un large sentier dans les ­alpages. Entre tapis de fleurs, vaches noires d’Hérens et ­hameaux lovés ­autour d’une chapelle, la course ou la marche confinent, ici, à la contemplation ! La boucle « Tête de Lindarets et Bassachaux », une autre rouge, avec 14,9 km et 491 m de D+, s’adresse à des trailers confirmés et offre de magnifiques paysa­ges sur les crêtes, ainsi qu’un panorama splendide sur Châtel d’un côté, et Avoriaz et le lac de Montriond de l’autre. « Le Tour du massif du Corbeau » – boucle 37, verte, avec 7,8 km et 331 m de D+ – est idéale pour des débutants. Alternant passages en forêt dense et ombragée avec des secteurs dans les alpages, elle comporte aussi des étapes dans les restaurants d’altitude ! On démarre en Suisse, direction Morgins, sur un sentier large. Aux Portes de ­Culet, l’itinéraire offre un panorama d’exception sur les Dents du Midi, les Alpes vaudoises et valaisiennes, et sur le mont Blanc. Un passage sous le télésiège du Corbeau, puis on repart en forêt, vers l’Hexagone. Le lac de la Mouille offre un panorama surprenant sur l’ensemble de la vallée d’Abondance. Et on peut redescendre par la télécabine de Super-Châtel.

Pour tous les niveaux
Sur les boucles, on a parfois un peu « jardiné » avant de retrouver notre chemin. Un péché de jeunesse, probablement : le balisage a été réalisé par l’ONF en un temps record, pour que les parcours soient ouverts dès cet été. Les commentaires des trailers et des randonneurs – auprès des offices du tourisme ou par l’application mobile – devraient permettre de l’améliorer et de le compléter. Reste que l’application mobile téléchargeable se montre d’un grand secours. Une alarme (désactivable) prévient dès que l’on s’éloigne de la boucle choisie. Et dans l’éventualité d’un problème, une ­option permet d’envoyer une alerte géolocalisée. Chaque boucle a sa singularité mais, pour ­l’essentiel, la technicité des parcours n’est pas extrême et conviendra au plus grand nombre. Au point qu’une pratique en famille est envisageable, même si les niveaux diffèrent. Les coureurs avertis ne s’ennuieront pas : « Avec ces boucles et les remontées mécaniques, on peut faire plus de dénivelé positif que négatif, observe Serge Moro, ancien international de cross-country et de course en montagne, mais aussi organisateur des premiers championnats de France de trail, en 2013. Pour un coureur de bon niveau, les descentes, ça n’apporte rien. Ici, tu peux enchaîner les montées, “faire des globules”, profiter des sentiers en balcon, sans ­t’exposer aux traumatismes de la descente. » Michel Girard, président de la commission sentiers des Portes du Soleil et directeur des remontées mécaniques de Châtel, aime à rappeler que le trail s’inscrit dans une sorte de tradition historique du territoire : le Chablais a longtemps été un haut lieu de contrebande pour les produits de première nécessité qu’on échangeait entre France et Suisse (sucre, farine et même cochons, que l’on saoulait avant le voyage, afin qu’ils ne se mettent pas à grouiner devant les douaniers !). « Les contrebandiers couraient la montagne toute l’année, par tous les temps, observe-t-il. Ce sont eux les premiers trailers ! » 

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