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Grand Raid de la Réunion : victoire de Beñat Marmissolle, exploit de Courtney Dauwalter

Par Patrick Guerinet , le 21 octobre 2022 , mis à jour le 22 octobre 2022 - 4 minutes de lecture
GRAND RAID OPEN

165 kilomètres et 10 250m de D+, tel était le défi lancé aux 2600 inscrits de l’édition anniversaire des 30 ans du Grand Raid de la Réunion. Dans une course très ouverte, avec 5 anciens vainqueurs au départ, c’est le Basque Beñat Marmissolle qui l’emporte au bout du suspense. Chez les femmes, l’Américaine Courtney Dauwalter signe une fantastique 4e place, à moins d’1h30 du vainqueur.

Grand Raid de la Réunion : dans la tête de Beñat Marmissolle

En refusant une sélection en équipe de France pour les Championnats du Monde de trail en Thaïlande, Beñat Marmissolle avait fait un choix. Il voulait impérativement participer à cette édition de la Diagonale des Fous. Et faire mieux que sa 3e place de 2021. Discret, il avait repéré chaque portion du parcours, et savait parfaitement où il mettait les pieds. Mais il n’était pas le seul. En l’absence de François D’Haene, Benoît Girondel et Aurélien Dunand-Pallaz, 3 cadors de la discipline, de nombreux autres prétendants rêvaient de podium. A commencer par l’Italien Daniel Jung, vainqueur en 2021 ex-aequo avec Ludovic Pommeret. Ou Grégoire Curmer, vainqueur en 2019 et venu pour la gagne. Et tous les autres outsiders aux dents longues, du Réunionnais David Hauss au Corse Lambert Santelli, recordman du GR20.

GRAND RAID MARMISSOLLE
Benat Marmissolle, vainqueur du Grand Raid de la Réunion 2022 – Crédit : Clément Berchet

Jean-Philippe Tschumi, partenaire d’une aventure

Aux avants-postes dès le début de la course, Beñat Marmissolle, vainqueur de jolies courses cette année comme la Restonica Trail, a été rejoint aux environs du km 70 par Jean-Philippe Tschumi, meilleur index ITRA des participants. Pas forcément favori, le Suisse, 7e de la CCC à Chamonix cette année, est un habitué des podiums d’ultra-trail, même s’il monte rarement sur la première marche. Ensemble, les deux hommes allaient écrire une page de l’histoire de la Diagonale, partageant près de 90 kilomètres de course ensemble. Comme le dira Beñat Marmissolle à la fin de la course, « être deux, ça change tout, ça donne des ailes et ça permet de rester motivé, même quand on est dans le dur ».

Grand Raid de la Réunion : il fallait un vainqueur

A l’instar des éditions 2018 ou 2021, où François D’Haene et Benoît Girondel d’un côté, Daniel Jung et Ludovic Pommeret de l’autre, avaient fini main dans la main, une victoire conjointe de Beñat Marmissolle et Jean-Philippe Tschumi semblait dans la logique des choses. Comment, après 90 kilomètres de course conjointe, décider d’un vainqueur ?

Sauf que le nouveau règlement changeait tout : il fallait un vainqueur. Car en cas d’égalité, le plus âgé remporterait la course. Or le plus âgé, pour 8 petits mois, était le Basque. Que faire dans ces conditions ? Beñat Marmissolle révélera le « deal » une fois la ligne franchie. L’accord que les deux traileurs avaient passé était de rester ensemble jusqu’à la dernière descente. Une sécurité, pour s’assurer de ne pas être repris par les poursuivants. Et dans la dernière descente, Marmissolle, plus frais, s’est envolé. Il s’est finalement s’imposer au Stade de La Redoute en 23h 14mn 42s, un peu moins de 6 minutes avant Jean-Philippe Tschumi. C’est un Américain, Ben Dhiman, qui monte sur la 3e marche du podium.

Beñat Marmissolle, heureux comme un gosse

Il ya des mots qui disent tout. Ceux de Beñat Marmissolle suffisent à raconter son ressenti, une fois la ligne franchie. « Cette année a été exceptionnelle. Il manquait trois immenses champions, mais malgré tout il y avait des champions sur la ligne de départ. Respect à tout le monde ! Oui j’aurais aimé courir contre les trois absents, mais c’est la course. C’était une diagonale exceptionnelle ! L’année dernière j’avais vécu énormément de choses ici, rencontré beaucoup de personne, et une terre qui m’a marqué. Je m’étais juré de revenir. Je suis revenu cette année et je pense que rien de plus beau ne pouvait m’arriver. »

Courtney Dauwalter, l’exploit

GRAND RAID COURTNEY DIAG
PHOTO SALOMON – DR

Archi-favorite de l’épreuve, l’Américaine avait une pression monstrueuse sur les épaules. D’autant qu’elle ne connaissait pas la course. Briefée par François D’Haene, camarade de la team Salomon, elle a été capable de gérer de bout en bout. Un moment 3e, elle termine finalement à la 4e place. Un classement historique sur une épreuve d’un tel niveau. Elle confirme, après sa remarquable 7e place sur l’UTMB 2021 derrière ce même D’Haene, tout le bien qu’un certain Kilian Jornet dit d’elle : si une femme doit un jour gagner un ultra devant les hommes, ce sera elle.

On saluera également la très jolie performance d’Anne-Lise Rousset, recordwoman du GR20 Corse, qui termine prend la deuxième place du classement féminin et intègre le top 20 du classement général.