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A découvrir : La Science de l’Endurance de Fabrice Kuhn

Par Simon CHRETIEN , le 18 janvier 2024 , mis à jour le 18 janvier 2024 - 4 minutes de lecture

Fabrice Kuhn, médecin du sport, coureur et triathlète, et Xavier Teychenné, kiné, entraîneur et pratiquant, viennent de publier La Science de l’Endurance aux Éditions Thierry Souccar. Crampes, lactates, alimentation, bière, probiotique, musculation, sommeil, etc, à travers 40 chapitres, les deux auteurs apportent des réponses claires, précises et documentées aux nombreuses questions et croyances inhérentes à la pratique des sports d’endurance.

Les deux amis ont enquêté et sont allés éplucher les toutes dernières études scientifiques pour bousculer les principales croyances qui inondent le monde du sport d’endurance. Sans emphase, sans fioritures et avec une pédagogie bienveillante, ils réussissent ainsi la prouesse de mettre entre toutes les mains, et à portée de foulée, les dernières connaissances scientifiques. Nous avons cherché à en savoir plus avec Fabrice Kuhn, par ailleurs contributeur à Jogging International.

Fabrice, comment est née l’idée de faire ce livre ?

L’envie de rédiger ce livre me trotte dans la tête depuis 2019. J’en avais, à l’époque, parlé avec Xavier qui est un ami de longue date, lors d’une épreuve de trail dans les Pyrénées. Avec lui, nous parlons souvent d’entraînement, de nutrition, d’endurance. Nous sommes tous les deux coureurs, et dans tout ce que nous faisons, nous nous appuyons systématiquement sur la connaissance scientifique. Le but de ce livre est donc de casser les « on m’a dit que » « j’ai vu que », que beaucoup de sportifs se disent, sans jamais savoir bien comment interpréter les informations. On souhaitait ainsi démythifier certaines notions et surtout apporter quelque chose de clair, d’accessible et de réutilisable pour le lecteur. Qu’il puisse ainsi s’en servir ensuite dans son entraînement.

Il y a toujours un monde qui sépare la recherche scientifique de la réalité du terrain ?

Oui, et c’est d’ailleurs l’objectif recherché de ce livre : faire la jonction entre la science et le coureur. Normalement, celui qui est censé faire cette jonction, c’est le coach. Et les sportifs n’ont pas toujours un coach au courant des dernières avancées. Mais on ne l’incrimine pas, car il y a souvent eu un retard entre la recherche et la réalité du terrain. Et c’est la même chose pour les scientifiques qui ont plein de bonnes idées, mais dont les avancées ne sont pas à la portée de tous. Nous essayons avec ce livre d’apporter la science dans le stade d’athlétisme ou sur la route du cycliste.

« Autonomiser le sportif »

Fabrice Kuhn

En plus de mettre en avant les dernières avancées scientifiques, vous proposez également des conseils pour mettre en pratique la science. Vous avez réussi ce tour de force grâce à votre casquette de scientifique et de pratiquant ?

Je pense que c’est important d’avoir cette double facette. Car je me rends compte que ce qui est intéressant pour moi, ce qui peut me faire progresser peut servir à d’autres. Et je suis mon premier cobaye. Toutes les séances décrites dans le livre, je les ai toutes testées afin de me rendre compte de leurs impacts, de leur mise en pratique. J’ai toujours fonctionné ainsi : je lis, je comprends, j’exploite et ensuite, je partage. Ce qui est important aussi, c’est d’autonomiser le sportif. Les plans proposés clé en main ont ce problème qu’au moindre couac, on ne sait plus quoi faire. Avec les conseils qu’on donne dans ce livre, les lecteurs seront capables de s’adapter, car ils auront compris comment le tout fonctionne. Et ils éviteront ainsi d’être influencé par ce qu’ils peuvent entendre à droite ou à gauche.

Ce livre est le premier tome d’un second qui viendra plus tard. Les thèmes abordés sont très variés. Comment les avez-vous sélectionnés ?

J’avais pas mal d’idées en tête dès le départ. Je voulais traiter des sujets qui font l’objet de pas mal de bêtises comme la lombalgie, l’arthrose du coureur, les crampes, les lactates, etc. Il y a plein de petits trucs qui me chagrinaient, ou que j’ai appris aussi au cours des conférences auxquelles j’ai assisté. Et au moment de l’écriture, d’autres thèmes se sont imposés, de manière logique. Par exemple, je parle de musculation, du coup, je me suis demandé si faire du gainage valait vraiment le coup et je me suis donc plongé dans les études. À l’inverse, il y a d’autres thèmes que j’ai abandonnés, comme l’intérêt des gammes athlétiques, car je n’avais pas la matière scientifique qui allait avec. En clair, les thèmes que nous avons abordés résultent soit du fait que peu de gens en avaient parlé jusque-là, soit parce que ce que l’on dit dessus est de mauvaise qualité, ou parfois tout simplement afin de répondre à des questions que l’on m’a déjà posées.

Avez-vous été surpris vous-même par le résultat de certaines études scientifiques ?

Oui, j’ai découvert de nouvelles informations à propos de certains thèmes. C’est le cas du froid, de la périodisation, du jeûne ,du sommeil ou encore de la bière en récupération. Lorsque j’ai abordé le chapitre du microbiote, les probiotiques et leur intérêt pour le sportif, j’ai beaucoup appris par exemple. J’ai pris le temps d’éplucher certaines études pour le livre alors que je n’avais pas eu le courage de le faire jusqu’alors. J’étais un peu dans le cas du lecteur, avec beaucoup de « on dit » et donc j’ai fait le travail pour moi-même.

« La vulgarisation n’est pas un joli mot, mais c’est un joli travail »

Fabrice Kuhn

C’est un vrai travail de vulgarisation en tout cas ?

Oui. La vulgarisation n’est pas un joli mot, mais c’est un joli travail. Je me sens récompensé de mon travail quand un sportif me dit que ce qu’il a lu lui a apporté des choses. J’ai commencé ce travail de vulgarisation à l’occasion de mon premier livre en 2012. Depuis, je fais toujours un travail de veille scientifique. C’est un travail difficile, mais ça me plaît. J’essaye toujours de trouver le juste milieu entre le trop scientifique et le trop simple. Les scientifiques ont des idées brillantes et formidables, mais malheureusement pas toujours exploitables. Je ne suis pas l’inventeur de tout ce savoir, juste un récupérateur. On se rend compte en regardant ce qu’ils font que le travail des scientifiques sportifs est aussi très utile pour notre santé de manière globale.

La Science de l’endurance : 40 chapitres pour tout comprendre

Ce livre se décompose en quarante chapitres qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres et/ou se renvoyer l’un vers l’autre. À chaque fois, Fabrice Kuhn et Xavier Teychenné reviennent dans un premier temps sur les principales idées reçues qui concernent le sujet avant de revenir en détail sur ce que dit la science. Puis de conclure par des conseils pratiques, testées et approuvées par eux-mêmes dans le cadre de leur pratique. Un second tome est d’ores et déjà prévu.

En bonus, les deux auteurs ont fait appel aux grands champions de l’endurance qui nous livrent leurs témoignages et leurs secrets d’entraînement. Les interventions de Maryline Nakache, Marjolaine Pierré, Clément Mignon, Fred Belaubre, Charlotte Morel, Éric Leblacher, Arthur Horseau, Emily Cambier, Ilyass Zouhry, Sébastien Balondrade ou encore Olivier Maria sont ainsi à retrouver au fil des 448 pages de La Science de l’endurance. 27.90€